Train à grande fréquence : tout ça pour 30 minutes?Train à Trois-rivières

Le ministre des Transports et le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie se sont déplacés à Trois-Rivières pour confirmer (à nouveau) que 491 M$ seront consacrés à la sélection d’un partenaire d’approvisionnement afin, qu’à terme, un voyageur puisse épargner 30 minutes en se déplaçant entre Montréal et Québec. Tout ça pour ça?

L’accumulation d’annonces au fil des années sur l’intention de train du gouvernement libéral devient, au fil du temps, suspecte. Sur le plan éthique, il faut distinguer une promesse, qui est un engagement à réaliser quelque chose, d’une intention qui n’est que l’expression d’un désir et, dans le cas présent, d’un désir (non-dit) d’être réélu. Pour preuve, le seul élément qui a changé dans le dossier du TGF depuis le budget du mois de mars est la tenue prochaine d’élections; le montant total du projet n’est toujours pas inscrit au budget. Le gouvernement libéral, habitué qu’il est aux promesses non tenues a d’ailleurs pris soin de préciser que les travaux débuteront à l’automne, soit après la tenue d’élections. En terme d’engagement, on a déjà vu plus impressionnant.

Les ministres en présence ont aussi martelé vouloir agir pour l’environnement et changer les habitudes des Québécois en matière de déplacements, sachant que ceux-ci privilégient l’auto ou l’avion pour se déplacer le long du corridor envisagé. Les ministres en question devraient pourtant savoir que de telles habitudes ne changeront pas parce que le voyageur pourra gagner 30 minutes sur un déplacement entre Montréal et Québec. Au projet de train annoncé cette semaine, il manque la vitesse. Jean-Yves Duclos l’a d’ailleurs reconnu lui-même en disant que, pour réussir, le train projeté devrait être «fiable, fréquent, rapide, confortable et connecté», oubliant l’argument «abordable», qui a aussi son importance. Que l’on soit de Montréal ou de Québec, le gain de 30 minutes ne correspond pas au bénéfice attendu par l’attribut «vitesse».

Enfin, plusieurs obstacles se dressent encore entre l’intention de train et sa réalisation; parmi ces obstacles a été mentionnée la nécessité de négocier avec un nombre de communautés autochtones. Il ne faudrait pas oublier l’acceptabilité environnementale et sociale.

Lorsque l’on regarde l’ensemble du projet, on ne peut que conclure que le gouvernement libéral reprend ses annonces de 2015 et de 2019 en les mettant au goût du jour afin d’appâter les électeurs de la circonscription de Trois-Rivières avec ce qui n’est encore qu’un projet dont la réalisation est lointaine.

Avec ce projet, à l’aube de sa trentaine, Greta Thunberg pourra peut-être un jour utiliser le TGF Libéral pour se rendre de Montréal à Québec en épargnant 30 minutes.

René Villemure
Éthicien, candidat à l’investiture du Bloc québécois dans la circonscription de Trois-Rivières

Ce texte a été publié dans Le Nouvelliste : https://www.lenouvelliste.ca/opinions/carrefour-des-lecteurs/tgf-tout-ca-pour-30-minutes-6d5f737594d424ddbfe28d05937bea6d